Déclarations d'ouverture par :
B-roll : Les dignitaires entrent dans la salle Tempus au Palais des Nations, Genève, et se préparent pour la photo de groupe
LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES
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DISCOURS AU FORUM DES LEADERS MONDIAUX POUR LE
60ÈME ANNIVERSAIRE DU COMMERCE ET DU DÉVELOPPEMENT DE L'ONU
Genève, 12 juin 2024
[tel que prononcé]
Excellences, chers invités et amis,
C'est un grand plaisir et un privilège de me joindre à vous pour commémorer le soixantième anniversaire de la CNUCED, à présent connue sous le nom de l’ONU Commerce et Développement.
Il y a soixante ans, à une époque de transformation et de bouleversements, la CNUCED est née du constat que le développement est inextricablement lié au commerce.
La toute première session de la CNUCED a vu la signature de la Déclaration conjointe des soixante-dix-sept pays en développement – la création du Groupe des 77.
En effet, la CNUCED et le Groupe des 77 constituaient deux volets d'un effort conjoint : donner aux pays en développement une plus grande voix dans les débats sur le développement, et bâtir une architecture économique, financière et commerciale davantage axée sur le développement.
La CNUCED a passé une grande partie des six dernières décennies à défendre les intérêts des pays en développement et à plaider pour un système commercial mondial plus équitable et inclusif – en tant que puissant moteur de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de progrès social.
Chers amis,
L'engagement de la CNUCED envers cette cause se reflète dans ses réalisations.
Celles-ci incluent la création de la catégorie des pays les moins avancés ; l'adoption des Principes et Objectifs pour un Nouvel Ordre Économique International ; et la création du Fonds Commun pour les Produits de Base.
La CNUCED a également une longue et fière tradition de contribution aux discussions sur la réforme de l'architecture financière internationale. Elle a été une force puissante pour le changement au niveau mondial, façonnant les récits, influençant les négociations internationales et faisant avancer la cause du multilatéralisme.
Le travail de la CNUCED n'a pas seulement créé un héritage. Il continue d'inspirer les débats et les décisions d'aujourd'hui.
Excellences, chers amis,
Le premier Secrétaire Général de la CNUCED, le célèbre économiste argentin Raúl Prebisch, a un jour remarqué que la CNUCED ne pouvait pas être neutre sur les problèmes de développement – tout comme l'Organisation Mondiale de la Santé ne pouvait pas être neutre sur le paludisme.
Aujourd'hui, la clarté et l'engagement de l'ONU Commerce et Développement sont plus pertinents que jamais.
Les divisions géopolitiques augmentent ; les inégalités se creusent ; la crise climatique frappe durement de nombreux pays en développement. Et de nouveaux conflits prolongés ont des répercussions sur l'économie mondiale.
La dette mondiale a explosé tandis que les indicateurs clés de développement, y compris la pauvreté et la faim, ont régressé.
L'architecture financière internationale s'est révélée obsolète, dysfonctionnelle et injuste. Elle n'a pas réussi à fournir un filet de sécurité pour les pays en développement embourbés dans la dette.
Et le système commercial international est contesté de toutes parts ; au bord de la fragmentation.
Le commerce est devenu une épée à double tranchant : une source à la fois de prospérité et d'inégalité ; d'interconnexion et de dépendance ; d'innovation économique et de dégradation environnementale.
Dans ce contexte, je salue les réformes de la CNUCED initiées par la Secrétaire Générale Rebeca Grynspan.
Votre nouvelle image de marque – ONU Commerce et Développement – reflète un engagement renouvelé à étendre votre portée et à amplifier le plaidoyer pour les pays en développement.
Votre rôle reste essentiel : identifier et travailler à combler les lacunes et les disparités dans le système ; et proposer des solutions pragmatiques et fondées sur des preuves.
Cet aspect du travail de la CNUCED était essentiel au Groupe de Réponse à la Crise Mondiale, créé en 2022 et dirigé par la Secrétaire Générale Grynspan.
Surtout, l'ONU Commerce et Développement reste fidèle à votre principe fondamental de promotion d'un développement inclusif et durable par le commerce et l'investissement.
Et cela est essentiel alors que la coopération multilatérale s'affaiblit et que les forces de fragmentation se renforcent. Les nouvelles barrières commerciales introduites chaque année ont presque triplé depuis 2019 – beaucoup étant motivées par la rivalité géopolitique, sans souci de leur impact sur les pays en développement.
Le monde ne peut pas se permettre de se diviser en blocs rivaux. La mise en œuvre des ODD, et la nécessité d'assurer la paix et la sécurité rendent essentiel d'avoir un marché mondial et une économie mondiale, où il n'y a pas de place pour la pauvreté et la faim.
L'élimination de la pauvreté reste l'objectif principal du développement durable.
Le FMI estime que l'augmentation des restrictions commerciales internationales pourrait réduire la production économique mondiale de plus de 7 000 milliards de dollars US à long terme – soit trois fois la production annuelle de l'Afrique subsaharienne.
Il devient clair que nous avons également besoin d'une nouvelle architecture de la finance internationale, de la fiscalité et de la gouvernance numérique;
Et d'une nouvelle vision de la manière de mesurer les progrès, de promouvoir le commerce sud-sud et d'assurer la stabilité dans un monde multipolaire.
Excellences, chers amis,
Le Sommet du Futur à New York en septembre cherchera à réaliser des progrès concrets et à créer un élan politique sur ces questions.
Ce sera une occasion unique de forger un nouveau consensus mondial autour de la résolution des défis économiques et de développement complexes auxquels nous sommes confrontés, et de dynamiser les investissements dans les Objectifs de Développement Durable.
Et les trois prochains jours seront une étape importante sur le chemin du Sommet. Je vous exhorte