Madame la Vice-Présidente, Excellences, Distingués délégués, la crise du brouillard de l'amnésie mondiale.
Est-ce que ça marche maintenant ?
Madame la Vice-Présidente, Excellences, Distingués délégués, la crise au Soudan est une tragédie qui semble s'être dissipée dans le brouillard de l'amnésie mondiale.
Depuis près de onze mois, les forces armées soudanaises et les forces de soutien rapide, ainsi que leurs filiales, mènent un conflit impitoyable et insensé.
Ils ont tué des milliers de personnes, apparemment sans aucun remords.
Ils ont créé un climat de pure terreur, forçant des millions de personnes à fuir.
Ils ont fait souffrir les personnes qui ne pouvaient pas ou ne voulaient pas s'échapper, détruisant les services médicaux et bloquant l'aide humanitaire.
De plus, ils ont toujours agi en toute impunité et ont clairement manqué à toute obligation de rendre des comptes pour les multiples violations qui ont été commises, continuant à stagner dans tous les pourparlers et négociations qui permettraient de parvenir à la paix, à la sécurité et à la dignité dont le peuple soudanais a tant besoin.
Le rapport dont le Conseil est saisi met en lumière une série de violations croisées et d'atteintes au droit international relatif aux droits humains commises par les parties belligérantes au Soudan entre avril et décembre 2023.
Il détaille également les graves violations du droit international humanitaire, qui exigent des enquêtes et des responsabilités.
Nombre de ces violations peuvent constituer des crimes de guerre ou d'autres atrocités.
La crise au Soudan d'aujourd'hui continue d'être marquée par un mépris insidieux pour la vie humaine.
En l'espace de 11 mois, au moins 14 600 personnes ont été tuées et 26 autres blessées.
Les chiffres réels sont sans aucun doute beaucoup plus élevés.
Le bilan comprend des milliers de civils, dont de nombreux enfants et femmes.
De nombreux travailleurs humanitaires et de santé ont également perdu la vie alors qu'ils travaillaient sous le feu des critiques pour aider les personnes dans le besoin.
Les tactiques agressives sont bien documentées.
De multiples attaques aveugles ont frappé des zones résidentielles et des bâtiments.
L'utilisation d'armes à large rayon d'action, même dans les zones urbaines densément peuplées, tirées à partir d'avions de combat, de drones et de chars d'assaut.
La destruction d'infrastructures civiles essentielles à la survie quotidienne, telles que les hôpitaux et les écoles, aura des conséquences durables pour les années à venir sur l'accès à la santé et à l'éducation.
Madame la Vice-Présidente, dans la guerre au Soudan, l'artillerie lourde ne constitue qu'une partie de l'armement.
La violence sexuelle en tant qu'arme de guerre, y compris en enfer, a été une caractéristique déterminante et méprisable de cette crise depuis le début.
Depuis le début du conflit en avril dernier, mon bureau a recensé 60 incidents de violence sexuelle liés au conflit impliquant au moins 120 victimes à travers le pays, dont la grande majorité étaient des femmes et des filles.
Ces chiffres sont malheureusement largement sous-représentés par rapport à la réalité.
Des hommes en uniforme de RSF et des hommes armés affiliés aux RSF seraient responsables de 81 % des incidents documentés.
Mon bureau a reçu des informations inquiétantes faisant état de meurtres motivés par des considérations ethniques, notamment de décapitations dans le nord de Kodafan et d'incidents survenus dans diverses régions, notamment dans l'État de Khartoum, à West of Four et dans l'État d'Al Jazeera.
Mon bureau assurera le suivi auprès des autorités soudanaises pour faire en sorte que ces allégations fassent l'objet d'enquêtes et que les auteurs soient traduits en justice.
Je suis également profondément préoccupée pour le sort de milliers de civils détenus arbitrairement par les deux partis et leurs affiliés, ainsi que pour les centaines de personnes qui ont disparu.
Il s'agit notamment de militants politiques, de défenseurs des droits humains, de membres des comités de résistance, de partisans présumés de l'un des partis belligérants et de nombreuses autres personnes.
Beaucoup auraient été torturés et beaucoup ont succombé à leurs blessures.
Je suis consterné par l'appel croissant lancé aux civils armés, y compris aux enfants.
Mon bureau a récemment reçu des informations selon lesquelles les RSF auraient recruté des centaines d'enfants pour les combattre au Darfour et les Forces armées soudanaises auraient fait de même dans l'est du Soudan.
Ces pratiques constituent une violation flagrante du Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés par lequel le Soudan est lié.
Les informations faisant état de civils eux-mêmes se mobilisant dans le cadre du nouveau mouvement populaire de résistance armée sont également inquiétantes.
Ils craignent réellement que cela n'entraîne la formation d'une milice civile armée sans contrôle défini, ce qui augmenterait les chances de voir le Soudan sombrer dans une spirale de guerre civile prolongée.
Madame la Vice-Présidente, le Soudan est devenu un véritable cauchemar.
Près de la moitié de la population, soit 25 millions de personnes, ont un besoin urgent de nourriture et d'aide médicale.
Environ 80 % des hôpitaux ont été mis hors service.
Le refus apparemment délibéré d'un accès sûr et sans entrave aux agences humanitaires au Soudan lui-même constitue une grave violation du droit international et peut constituer un crime de guerre sur guerre.
J'appelle à nouveau les parties belligérantes à respecter leurs obligations légales en ouvrant sans délai des couloirs humanitaires avant que de nouvelles vies ne soient perdues.
Avec plus de 8 millions de personnes contraintes de fuir au Soudan et vers les pays voisins, cette crise bouleverse le pays et menace profondément la paix, la sécurité et les conditions humanitaires dans l'ensemble de la région.
Madame la Vice-Présidente, comme je l'ai déjà dit, il s'agit d'une guerre caractérisée par une impunité généralisée et une très faible obligation de rendre des comptes pour les violations et les abus commis.
À ce jour, RSF n'a pas tenu sa promesse de coopérer avec la Mission internationale d'établissement des faits sur le Soudan, créée par ce Conseil en octobre de l'année dernière, et les autorités soudanaises continuent de s'opposer à toute collaboration.
J'engage toutes les parties au conflit à prendre des mesures immédiates pour coopérer avec la Mission d'établissement des faits et pour que les États Membres, en particulier les pays voisins du Soudan, soutiennent son travail vital.
À l'heure actuelle, je crains de dire qu'il existe un vide béant dans un dialogue efficace visant à mettre fin à cette guerre.
J'encourage tous les États influents à accroître la pression sur les deux parties et leurs affiliés afin qu'ils négocient une solution pacifique à cette catastrophe et qu'ils recherchent et maintiennent un cessez-le-feu.
La communauté internationale a également un rôle essentiel à jouer pour atténuer l'ampleur des souffrances humaines endurées par le peuple soudanais.
Je regrette que moins de 4 % du plan de réponse humanitaire du Soudan ait été financé à ce jour, ce qui affecte sérieusement la capacité des agences humanitaires à répondre à cette crise.
J'engage les États membres à honorer immédiatement leurs engagements financiers.
Je suis allé au Soudan le 22 novembre.
C'était ma première visite en tant que commissaire **** et j'ai entendu des histoires de deuil et de deuil, mais j'ai également entendu de nombreuses histoires d'espoir.
Je crains que cet espoir ne soit brisé.
Des décennies de troubles et de répression au Soudan ont précédé cette crise, mais rien n'a préparé le peuple soudanais aux souffrances auxquelles il fait face aujourd'hui.
Les parties belligérantes doivent accepter de revenir à la paix sans délai.
Les auteurs de ces horribles violations et atteintes aux droits humains doivent être amenés à rendre des comptes sans délai.
Et sans délai, la communauté internationale doit recentrer son attention sur cette crise déplorable avant qu'elle ne sombre encore plus dans le chaos.
L'avenir du peuple soudanais en dépend.